Mathématiques et dessin
J'ai cherché des souvenirs mathématiques de mon année de sixième, et je n'en ai pas trouvé. D'après mes bulletins, j'étais une élève plutôt bonne sans être parmi les meilleures, genre l'élève transparente parce qu'elle ne brille pas et n'est pas en difficulté. Je pense que le programme m'était indifférent et que je n'en ai donc pas gardé mémoire.
Mais l'année de cinquième marque un tournant dans ma vie mathématique.
J'avais un un maître en CM1 qui aimait les maths, mais je n'avais jamais eu de prof littéralement amoureux des maths, comme mon prof de cinquième. Il prononçait chaque théorème comme il aurait lu une lettre de son épouse, avec les yeux brillants et la voix caressante.
Il réussissait cet exploit jamais égalé d'être à la fois passionant (c'étaient des maths) et terriblement ennuyeux.
Notamment parce qu'il parlait très lentement, avec un accent étranger, et qu'il prenait ses respirations en milieu de phrase, là ou ta prof de fraçais t'étriperait si tu mettais une virgule.
J'ai été cette année-là en maths, hum comment dire... une élève dissipée (voilà c'est dit).
Je ne mettais pas le bazar, non, j'ai toujours été trop timide ou trop respectueuse pour perturber un cours, je me contentais de ne pas écouter.
Je dessinais sur mes cahiers. Au début je faisais un exercice proprement chez moi. Je ramenais le cahier à l'école, je l'ouvrais avant le début du cours, je vérifiais mes calculs au crayon de papier, je sortais le stylo vert pour la correction, et puis, immanquablement, il venait un moment où mon stylo glissait. Ça faisait une volute autour de la multiplication, un angle qui s'explosait en feux d'artifice dans l'espace vide entre différentes opérations, toute une série de spirales qui descendaient le long de la colonne de chiffre issue de la division...
Deuxième phase, j'ajoutais la couleur. Rouge ou bleu ou noir, parfois même rose ou orange quand ma voisine me prêtait ses stylos.
J'ai les pages de volutes et les pages de croix. Celles des rosaces (nées des jours fastes de la géométrie au compas), et celle des angles articulés les uns dans les autres. Celles des vrilles et des chevrons. Celles des pavages géomatriques... En fait, je ne crois pas qu'il y ait une page que je n'ai pas "personnalisée".
Ça aurait fait blêmir la plupart des profs, je sais. D'autant plus que quand vous voyez une élève s'appliquer à colorier sa feuille, vous pouvez être raisonnablement sûr qu'elle n'a pas écouté un mot de ce que vous avez dit.
Et là, je vais vous apprendre la véritable différence entre un prof de maths "méchant" et un "gentil".
Le prof "méchant", quand il voit que vous n'écoutez pas il vous demande d'un coup "vous pouvez répéter ce que je viens de dire ?". Et là, forcément, la réponse est non, puisque vous n'écoutiez pas. (Remarquez qu'un prof ne pose jamais cette question s'il croit l'élève capable de répéter).
Le prof "gentil", lui, vous dira "Bien sûr vous pouvez me réexpliquer tel théorème ?" (celui dont il vient juste de parler bien sûr). Là, soit vous avez écouté et vous répétez ce qu'il vient de dire, soit, comme moi, vous n'avez pas écouté, vous avez lu le manuel, mais comme vous ne vous souvenez pas de la formulation exacte du livre ni de celle du prof (puisque vous ne l'écoutiez pas) vous êtes obligé de reformuler ledit théorème.
Et là, surprise, j'ai eu droit à un sourire ravi.
Si vous reformulez, c'est que vous avez compris.
A partir de ce moment-là, il y a eu une sorte de "pacte" entre le prof et moi. Je ne vérifierai jamais ton cahier, je ne vérifierai pas ce que tu fais en classe tant que tu ne perturbes pas les autres, mais tu es priée de reformuler avec tes mots tout ce qu'on va voir durant l'année et tu es de corvée de tableau pour tous les exercices de découverte de chapitre. Bien sûr, pacte silencieux et non écrit, mais que nous avons honoré tous les deux.
Ça donne une certaine liberté c'est sûr. Notamment celle de pouvoir décorer son cahier sans crainte. Ça enlève la pression des exercices : aucune chance que la correction tombe sur moi. En fait, vous pourriez presque ne pas faire les exercices, ça ne se verrait pas.
Mais la règle veut que l'on ne "décore" pas une page de cahier vide. Il faut d'abord que la page soit remplie par des exercices, et ensuite vous exercez votre créativité autour. Il vaut donc mieux faire ses devoirs, c'est une question d'espace-feuille...
Mais l'année de cinquième marque un tournant dans ma vie mathématique.
J'avais un un maître en CM1 qui aimait les maths, mais je n'avais jamais eu de prof littéralement amoureux des maths, comme mon prof de cinquième. Il prononçait chaque théorème comme il aurait lu une lettre de son épouse, avec les yeux brillants et la voix caressante.
Il réussissait cet exploit jamais égalé d'être à la fois passionant (c'étaient des maths) et terriblement ennuyeux.
Notamment parce qu'il parlait très lentement, avec un accent étranger, et qu'il prenait ses respirations en milieu de phrase, là ou ta prof de fraçais t'étriperait si tu mettais une virgule.
J'ai été cette année-là en maths, hum comment dire... une élève dissipée (voilà c'est dit).
Je ne mettais pas le bazar, non, j'ai toujours été trop timide ou trop respectueuse pour perturber un cours, je me contentais de ne pas écouter.
Je dessinais sur mes cahiers. Au début je faisais un exercice proprement chez moi. Je ramenais le cahier à l'école, je l'ouvrais avant le début du cours, je vérifiais mes calculs au crayon de papier, je sortais le stylo vert pour la correction, et puis, immanquablement, il venait un moment où mon stylo glissait. Ça faisait une volute autour de la multiplication, un angle qui s'explosait en feux d'artifice dans l'espace vide entre différentes opérations, toute une série de spirales qui descendaient le long de la colonne de chiffre issue de la division...
Deuxième phase, j'ajoutais la couleur. Rouge ou bleu ou noir, parfois même rose ou orange quand ma voisine me prêtait ses stylos.
J'ai les pages de volutes et les pages de croix. Celles des rosaces (nées des jours fastes de la géométrie au compas), et celle des angles articulés les uns dans les autres. Celles des vrilles et des chevrons. Celles des pavages géomatriques... En fait, je ne crois pas qu'il y ait une page que je n'ai pas "personnalisée".
Ça aurait fait blêmir la plupart des profs, je sais. D'autant plus que quand vous voyez une élève s'appliquer à colorier sa feuille, vous pouvez être raisonnablement sûr qu'elle n'a pas écouté un mot de ce que vous avez dit.
Et là, je vais vous apprendre la véritable différence entre un prof de maths "méchant" et un "gentil".
Le prof "méchant", quand il voit que vous n'écoutez pas il vous demande d'un coup "vous pouvez répéter ce que je viens de dire ?". Et là, forcément, la réponse est non, puisque vous n'écoutiez pas. (Remarquez qu'un prof ne pose jamais cette question s'il croit l'élève capable de répéter).
Le prof "gentil", lui, vous dira "Bien sûr vous pouvez me réexpliquer tel théorème ?" (celui dont il vient juste de parler bien sûr). Là, soit vous avez écouté et vous répétez ce qu'il vient de dire, soit, comme moi, vous n'avez pas écouté, vous avez lu le manuel, mais comme vous ne vous souvenez pas de la formulation exacte du livre ni de celle du prof (puisque vous ne l'écoutiez pas) vous êtes obligé de reformuler ledit théorème.
Et là, surprise, j'ai eu droit à un sourire ravi.
Si vous reformulez, c'est que vous avez compris.
A partir de ce moment-là, il y a eu une sorte de "pacte" entre le prof et moi. Je ne vérifierai jamais ton cahier, je ne vérifierai pas ce que tu fais en classe tant que tu ne perturbes pas les autres, mais tu es priée de reformuler avec tes mots tout ce qu'on va voir durant l'année et tu es de corvée de tableau pour tous les exercices de découverte de chapitre. Bien sûr, pacte silencieux et non écrit, mais que nous avons honoré tous les deux.
Ça donne une certaine liberté c'est sûr. Notamment celle de pouvoir décorer son cahier sans crainte. Ça enlève la pression des exercices : aucune chance que la correction tombe sur moi. En fait, vous pourriez presque ne pas faire les exercices, ça ne se verrait pas.
Mais la règle veut que l'on ne "décore" pas une page de cahier vide. Il faut d'abord que la page soit remplie par des exercices, et ensuite vous exercez votre créativité autour. Il vaut donc mieux faire ses devoirs, c'est une question d'espace-feuille...