La haine
L'article de Thra sur "sa haine" m'a beaucoup fait réfléchir. Et je me suis rendue compte que c'était peut-être une erreur de n'être qu'Harmonie sur ce blog.
Je voulais faire de ce lieu un endroit de pureté et de lumière (pureté, c'est-à-dire sans haine, justement), de sérénité.
Mais tout ça - pureté, sérénité, lumière - ne peut exister que s'il y en a le pendant - violence et obscurité.
Comme un vitrail. De l'extérieur, quand vous êtes en pleine lumière, ils paraissent sombres, obscurs. Il faut accepter d'entrer soi-même dans l'obscurité, de courber la tête, de descendre dans les profondeurs, pour pouvoir percevoir leur lumière.
Je ne suis pas qu'Harmonie. Je suis aussi une boule de rage contre tout ce qui ne fonctionne pas dans ce monde, contre tous ces salauds cupides et égoïstes qui s'en fichent de tout détruire pourvu qu'eux aillent bien, contre tous ces autres pour qui ma rage se double de mépris, ces salauds ordinaires, devenus coupables de ce qu'ils n'essayent pas d'empêcher, et dont je fais partie, puisque je ne fais pas grand chose.
Je suis une écologiste - ankologiste, selon le beau terme de Loup Blanc.
Je suis une anti-nucléaire convaincue.
Je suis une pacifiste.
Je suis une altermondialiste.
Je suis une antipub.
Je suis contre les OGM.
Je suis une humaniste - l'homme ne vaut pas plus que l'argent, car l'homme est sans prix et l'argent ne vaut rien.
A ceux qui me disent "nous avons besoin de croissance" je rétorque "décroissance contrôlée"
A ceux qui me disent "rendements" je rétorque "humanité"
Comment osez-vous dire que vous faites des profits, quand vous détruisez des hommes ? Le seul commerce qui peut faire des profits, c'est le commerce équitable. Le reste n'est que mensonges.
Oh ma colère contre toutes nos pulsions suicidaires, masochistes et sadiques, cruelles. Voir souffrir les autres, les rabaisser plus bas que terre, les humilier. Puisqu'un jour je ne profiterai plus de tout cela, que personne d'autre n'en profite ! Tout détruire, pour se détruire soi-même. Espèce unie dans l'abjection, qui a perdu ses rêves de lumière et qui ne s'unit plus que dans l'autodestruction.
Et moi, moi, qui admire tant les antipubs, jamais je n'ai arraché ces pollutions visuelles. Moi qui admire les faucheurs volontaires, jamais je ne les ai rejoint. Moi qui hurle, finalement je me tais, et je participe au massacre, puisque je ne fais rien ou si peu.
Et j'ai la haine, et pourtant je vous aime, je vous aime tous, y compris ceux à qui j'aimerai cracher au visage, parce que voyez-vous, je ne suis pas meilleure, peut-être même pire, puisque moi je n'ai même pas l'excuse de dire que je ne savais pas.
COMMENT AVONS-NOUS FAIT POUR OUBLIER QUE NOUS SOMMES TOUS FRERES ?
Oh merde, voilà que je pleure.