Sully-Prudhomme, les Yeux

Publié le par Harmonie

Les Yeux

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.


Sully-Prudhomme
La vie intérieure

Roland en parlant ici je le cite évidemment...

Publié dans Poésies que j'aime...

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C
C'est avec grand plaisir que j'ai fait un tour sur ton blog que je trouve très intéressant, j'y ai découvert des choses inconnues et qui m'ont ravies. Concernat ce texte que je connais très bien, je le découvre avec grand plaisir ici.Je tiens à te remercier particulièrement pour ton intervention sur le forum, j' y ai laissé une réponse, te demandant si je pouvais te contacter pour renseignements plus précis. Bien que je ne sois pas très disponible en ce moment, du moins pas pour mon blog et je délaisse aussi momentanément mes amis(ies) de la blogosphère, je serai ravie si tu pouvais m'aider quelque peu. Toutefois, si cela devait te poser problème ou peut étre aussi as tu autre chose à faire, je ne t'en voudrais pas du tout, à toi de me dire si tu as un peu de temps à investir dans ma requête. Merci et bonne soirée.Chantal
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H
<br /> <br /> Je t'ai répondu sur ton blog.<br /> <br /> <br /> <br />
R
et pendant qu'on y est celuiqui est sans doute mon poème préféré de Sully Prudhomme, il ne parle pas de la mort, mais il n'en est pas moins triste, très.<br /> Les caresses<br /> Les caresses ne sont que d'inquiets transports, Infructueux essais du pauvre amour qui tente L'impossible union des âmes par les corps. Vous êtes séparés et seuls comme les morts, Misérables vivants que le baiser tourmente ! O femme, vainement tu serres dans tes bras Tes enfants, vrais lambeaux de ta plus pure essence : Ils ne sont plus toi-même, ils sont eux, les ingrats ! Et jamais, plus jamais, tu ne les reprendras, Tu leur as dit adieu le jour de leur naissance. Et tu pleures ta mère, ô fils, en l'embrassant ; Regrettant que ta vie aujourd'hui t'appartienne, Tu fais pour la lui rendre un effort impuissant : Va ! Ta chair ne peut plus redevenir son sang, Sa force ta santé, ni sa vertu la tienne. Amis, pour vous aussi l'embrassement est vain, Vains les regards profonds, vaines les mains pressées : Jusqu'à l'âme on ne peut s'ouvrir un droit chemin ; On ne peut mettre, hélas ! Tout le coeur dans la main, Ni dans le fond des yeux l'infini des pensées. Et vous, plus malheureux en vos tendres langueurs Par de plus grands désirs et des formes plus belles, Amants que le baiser force à crier : "Je meurs !" Vos bras sont las avant d'avoir mêlé vos coeurs, Et vos lèvres n'ont pu que se brûler entre elles. Les caresses ne sont que d'inquiets transports, Infructueux essais d'un pauvre amour qui tente L'impossible union des âmes par les corps. Vous êtes séparés et seuls comme les morts, Misérables vivants que le baiser tourmente.<br />
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H
<br /> <br /> Il est très beau aussi en effet.<br /> <br /> <br /> <br />