Hier
Il y a des jours comme ça...
Hier, j'avais un rendu pour l'école d'architecture. Mais ç'aurait été trop simple si ç'avait eu lieu dans l'école. Le rendu se déroulait donc dans le site sur lequel nous avions travaillé, c'est-à-dire un potager.
Celui qui n'a jamais tenté la traversée de Paris en métro et RER en tentant de protéger une fragile maquette ne peut pas comprendre ce que cela signifie.
Vous avez l'impression que tous les autres voyageurs sont des bêtes féroces dont le seul but dans la vie est de vous bousculer pour détruire en quelques secondes le travail de plusieurs longues journées.
Mais je le savais, je m'étais préparée psychologiquement.
Le matin donc, le RER que j'avais pris a décidé qu'il était passionnant de s'arrêter au milieu de nulle part. Et je regardais passer les minutes sur ma montre en espérant que je ne finirais pas en retard...
Mais enfin, nous sommes arrivés. Dans le couloir de la correspondance, un type m'a écrabouillée contre un mur, il a réussi à plisser mon carton ! J'ai préféré ne pas regarder l'état de la maquette à l'intérieur.
Enfin, j'ai pris ma correspondance et là, quasi-miracle, j'ai pu m'asseoir et même occuper une deuxième place pour poser mon carton.
Je suis arrivée pile à l'heure, mais, évidemment, les profs eux n'étaient pas là. Ma maquette était toute gondolée -conséquence du l'écrasement qu'elle avait subi - et mes arbres étaient tombés. J'ai donc profité du temps supplémentaire pour les refaire, heureusement que j'avais pris du matériel dans mon sac.
Il faisait beau, très beau même, nous avons passé la journée dans ce potager où il n'y avait pas d'ombres.
J'ai remis mon manteau pour que la capuche me protège un peu de l'insolation, j'ai essayé de rester toujours dos au soleil, mais j'ai vu peu à peu mes avants-bras devenir rouge, mon visage me brûler, ma tête commencer à tourner...
Enfin, à 19 heures, nous avons eu l'autorisation de partir.
Jusqu'à ma correspondance, tout s'est parfaitement déroulé. Une fois à Saint Michel, il y avait un affichage fantaisiste, mais personne n'y prêtait attention, car le matériel est tombé plusieurs fois en panne depuis le début de l'année. Un RER est entré en gare assez vite, il était plein, j'ai réussi à me glisser dans un coin en tenant ma maquette au dessus de la tête. Le RER ne démarrait pas.
Soudain un type lance : "mon portable fait radio, il y a un incendie à Gare du Nord, les RER ne dépassent pas Châtelet !"
J'ai donc tenté de quitter ce RER (et donc embêté tout le monde une deuxième fois avec ma maquette), pour prendre la ligne 4.
Je n'avais jamais vu le métro aussi rempli (sauf pendant les grèves).
J'ai laissé passé deux métros, et ait pris le troisième. J'ai traversé Paris en tenant ma maquette à bout de bras.
A Gare du Nord, j'ai réussi à prendre un métro pour la banlieue et ma mère a été gentille au point de me récupérer au terminus.
Je suis rentrée épuisée.
J'ai mis quatre couches de biafine sur mon visage et mes avants-bras, mon nez et mon front sont toujours couverts de microcloques.
Enfin, hier, c'était une journée que je n'oublierai pas de sitôt